Les MESO Seine-Normandie

Désignation des masses d’eaux souterraines

La délimitation des masses d’eaux souterraines est fondée sur des critères hydrogéologiques, puis éventuellement sur la considération de pressions anthropiques importantes. Ces masses d’eau sont caractérisées par six types de fonctionnement hydraulique, leur état (libre/captif) et d’autres attributs. Afin de simplifier l’identification des masses d’eau et de palier les manques de connaissances sur les aquifères, le terme « captif » est assimilé à « sous couverture ».
Une masse d’eau correspond d’une façon générale sur le district hydrographique à une zone d’extension régionale représentant un aquifère   ou regroupant plusieurs aquifères en communication hydraulique, de taille importante. Leurs limites sont déterminées par des crêtes piézométriques lorsqu’elles sont connues et stables (à défaut par des crêtes topographiques), soit par de grands cours d’eau constituant des barrières hydrauliques, ou encore par la géologie.

Seuls les aquifères pouvant être exploités à des fins d’alimentation en eau potable, par rapport à la ressource suffisante, à la qualité de leur eau et/ou à des conditions technico-économiques raisonnables, ont été retenus pour constituer des masses d’eaux souterraines.
Le nombre de masses d’eaux souterraines proposées s’élève à 53 sur l’ensemble du bassin, dont 3 sont « transdistricts » (c’est-à-dire s’étendant sur plusieurs grands bassins hydrographiques) et rattachées au district Seine et Côtiers Normands. Sept autres masses d’eau sont transdistricts, mais sont rattachées à des districts limitrophes. Aucune masse d’eau n’est transfrontalière.

Le district Seine et côtiers normands comprend :

  • 8 masses d’eau alluvionnaires : les alluvions   jouent en général un rôle de filtre en relation, dans la plupart des cas, avec des nappes de grande extension (exemple : la craie   ) dont elles contribuent à assurer le drainage vers la rivière. Leur alimentation à partir de leur impluvium est négligeable vis-à-vis des apports de la nappe sous-jacente et des échanges qui peuvent se produire avec la rivière ;
  • 36 masses d’eau à dominante sédimentaire : il s’agit de masses d’eau constituées d’un ou de plusieurs aquifères superposés en relation étroite. Elles sont soit libres, soit à parties libre et captive associées lorsque le comportement des deux parties sont proches (masse d’eau majoritairement libre, ou majoritairement captive), soit à parties libre et captive dissociées (cas de l’Albien-Néocomien composé d’une masse d’eau captive et de plusieurs masses d’eaux libres). Quatre masses d’eau transdistricts rattachées au district « Loire, côtiers vendéens et côtiers bretons » sont également de ce type ;
  • 8 masses d’eau de socle : ce type de masse d’eau correspond à un ou plusieurs bassins versants hydrographiques de cours d’eau. En Basse Normandie six bassins versants (BV) ont alors été désignés, un dans le Morvan et un dans les Ardennes ;
  • 1 masse d’eau à systèmes imperméables localement aquifères : il s’agit d’une formation de type sédimentaire peu ou pas aquifère   à l’intérieur de laquelle existent de petits aquifères disjoints et disséminés, la localisation et les limites de ces petits aquifères n’étant pas forcément connues. Trois masses d’eau transdistricts rattachées à un district adjacent sont également de ce type.

Les représentations cartographiques de certaines masses d’eau apparaissent disjointes, il s’agit cependant d’une masse d’eau unique : il y a continuité de la masse d’eau qui possède une partie sous couverture (exemple « calcaires Kimméridgien Oxfordien karstiques du Nord-Est du bassin » N° 3305), ou la même masse d’eau se compose d’éléments disjoints mais possédant le même comportement hydrogéologique et la même lithologie (exemple « Isthme du Cotentin » N° 3101).

Les masses d’eau d’enjeu important

Certaines masses d’eau sont particulièrement remarquables par leur intérêt économique vis-à-vis de différentes activités : alimentation en eau potable, agriculture, industrie, réserve d’eau stratégique, et pour ces raisons sont fréquemment le siège d’une compétition entre ces usages.

  • La masse d’eau de l’Isthme du Cotentin (N°3101) : principale ressource souterraine notable du département de la Manche dont le sous-sol est principalement formé des roches peu perméables du massif armoricain ;
  • La masse d’eau du Bathonien-Bajocien de la Plaine de Caen et du Bessin (N°3308) : très exploitée pour les besoins en eau d’importantes collectivités ainsi que pour l’irrigation, elle alimente par ailleurs de nombreux cours d’eau. Elle est aussi particulièrement sensible aux pollutions de surface ;
  • Les masses d’eau de la Craie   et marnes du Lieuvin–Ouche–Pays d’Auge (bassin versant de la Touques) (N°3213), de la Craie   altérée du littoral cauchoix (N°3203), de la Craie   altérée de l’estuaire de la Seine (N°3202) et de la Craie   altérée du Neubourg-Iton-Plaine de Saint André (N°3211) : assurent l’alimentation en eau potable de la majorité des collectivités de l’Eure et de la Seine-Maritime. La circulation au sein de la matrice crayeuse se trouve court-circuitée par des drains karstiques. Ces derniers mettent en relation directe les écoulements de surface avec la nappe de la craie   et lui confèrent une grande vulnérabilité vis à vis des pollutions superficielles. Lors des périodes pluvieuses, les phénomènes de turbidité   et de pollution bactériologique associée y sont fréquents ;
  • Les masses d’eau de la Beauce
    (N°4092 et 4135 - transdistrict) : elles ont subi à l’occasion de plusieurs années de sécheresse (1988-1994) une surexploitation c’est-à-dire un déstockage des réserves qui a conduit à une baisse importante du niveau piézométrique   et une diminution significative du débit   des cours d’eau exutoires pouvant aller jusqu’à des assecs ;
  • La masse d’eau du Brie – calcaires de Brie, de Champigny, calcaire   grossier et sables du Soissonnais (N°3103) : la nappe des calcaires de Champigny alimente en eau potable la quasi-totalité des communes de la Brie ainsi qu’une partie de l’agglomération parisienne. Elle subit une dégradation tant quantitative (baisse régulière des niveaux) que qualitative (nitrates, produits phytosanitaires) ;
  • Les masses d’eau de la Craie   de l’auréole orientale du bassin (N°3206, 3207, 3208, 3209 et 3210) : la craie   n’est fissurée, donc productive, que dans les vallées (sèches ou en eau), où elle fournit l’essentiel de l’alimentation en eau potable. Elle contribue également à l’alimentation en eau potable de l’agglomération parisienne ;
  • Les masses d’eau des calcaires du Jurassique (N°3302 à 3307, 3309 et 3310) : sont aussi le siège de circulations karstiques. Les forages y sont peu nombreux en raison de la fissuration aléatoire des aquifères et l’essentiel de l’alimentation en eau est assuré par captage de sources ;
  • La masse d’eau Albien–Néocomien captif (N°3218) : elle est particulièrement bien protégée des pollutions de surface. Elle renferme des réserves d’eau considérables mais son taux de renouvellement est faible, et elle ne peut en conséquence être exploitée qu’à faible débit   de façon permanente. En revanche une exploitation temporaire à fort débit   peut être envisagée à la condition de laisser se reconstituer ses réserves par la suite. Cette particularité présente un intérêt stratégique certain pour une alimentation minimale en eau potable des populations en cas de pollution majeure des ressources superficielles ;
  • Les masses d’eau alluviales et masses d’eau comportant des nappes alluviales : celles-ci sont surtout développées dans la partie inférieure des cours d’eau les plus importants du district, elles fournissent la majeure partie des volumes exploités pour l’alimentation en eau des collectivités. Elles sont composées d’alluvions   productifs, d’extension remarquable, et/ou d’enjeu important à l’échelle du district (alimentation en eau potable actuelle et future, prélèvements industriels ou agricoles, enjeu écologique, pollution connue….).

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Référentiel des masses d’eau souterraine (MESO)