Mise en oeuvre des réseaux de surveillance et difficultés

D’une façon générale, les prélèvements et les analyses sont déléguées à un laboratoire. Le laboratoire prestataire est choisi suite à une consultation ou un appel d’offres, suivant l’ampleur du marché à passer. Un marché est le plus souvent conclu pour une durée pluriannuelle.

Par la suite, plusieurs étapes interviennent successivement :

  • préparation d’une programmation saisonnière (annuelle ou plus fine), précisant les points de surveillance (description, nombre), les fréquences et périodes d’analyses, les paramètres à analyser, les conditions de rendu des résultats (forme, délais….) ;
  • validation du programme par le comité de pilotage du réseau de surveillance s’il existe ;
  • demande de devis auprès de laboratoire(s) prestataire(s) ;
  • vérification, acceptation des devis, réalisation des commandes ;
  • réalisation des prestations de prélèvements et d’analyses par le(s) laboratoire(s), et suivi technique des prestations par le maître d’ouvrage du réseau de surveillance ;
  • réception des résultats analytiques, contrôle des réalisations par rapport à la commande, contrôles et validations techniques des résultats analytiques ;
  • bancarisation des données soit directement par le laboratoire (format EDILABO), soit par le maître d’ouvrage ;
  • paiement des prestations.

Le choix d’un laboratoire n’est pas chose facile : la qualité de réalisation d’un prélèvement, de la conservation de l’échantillon et d’une analyse chimique conditionne la qualité du résultat analytique et par conséquent l’interprétation qui en sera faite. Plusieurs éléments sont importants à considérer : l’accréditation et/ou l’agrément d’un laboratoire, ses méthodes analytiques, ses rendements d’extraction, ses limites de détection et de quantification, ses incertitudes de mesures, ses contrôles qualité,…

AQUAREF, laboratoire national de référence pour la surveillance des milieux aquatiques, est alors né de la nécessité de renforcer l’expertise française dans le domaine de la surveillance des milieux aquatiques à partir de la mise en réseau des compétences et des capacités de recherche des cinq établissements publics directement concernés : BRGM, IRSTEA, IFREMER, INERIS, LNE. Il constitue un appui au référentiel qualité pour l’élaboration des règles relatives aux processus de mesures, de prélèvements et d’analyses, et doit mobiliser la recherche en assurant une veille technologique et l’organisation des priorités de recherche pour l’amélioration de la surveillance.

Les analyses de micropolluants sont particulièrement complexes. Les exigences en terme de finesse d’observation du milieu - particulièrement lorsque cela répond à une réglementation - étant de plus en plus fortes, les laboratoires recherchent constamment à détecter et quantifier de nouvelles substances avec la plus grande précision. Le développement de nouvelles techniques analytiques devient une nécessité. Un exemple de cette complexité d’analyse est présenté dans l’article du BRGM « Analyses des pesticides dans les eaux ».

Particulièrement pour les eaux souterraines, le suivi qualitatif demande une régularité dans l’échantillonnage sur un panel de captages constant dans le temps, et ce pour une évaluation de l’évolution des concentrations en différents paramètres et une tentative de leur explication. En effet, les fluctuations des contaminations ou des paramètres chimiques caractéristiques des eaux sont dépendant :

  • du niveau de recharge des aquifères et donc des conditions climato-météoriques annuelles et interannuelles, qui conditionnent le lessivage des substances vers les nappes, leur stockage/dégradation dans la zone non saturée, leur diffusion dans l’aquifère   ;
  • des apports en polluants, en termes de quantité – fréquences-période d’utilisation, qu’ils s’agissent de polluants d’origine accidentelle ou diffuse, ponctuelle ou chronique, issus des différents domaines anthropiques (industrie, collectivité, agriculture) qui exercent des pressions qualitatives sur nos aquifères.

Si l’on appréhende les enjeux et les facteurs des fluctuations des concentrations, la nature des mécanismes concomitant, les compartiments sol/sous-sol en milieu non saturé et saturé constituent encore des « boîtes noires », et leur description fine n’est pas maîtrisée en terme de qualité : stocks, flux, transferts, niveaux de concentration, stratifications verticales et/ou horizontales, circulations et homogénéisations au sein de l’aquifère  . L’accès aux ouvrages de surveillance est une condition primordiale de pérennité des réseaux de contrôle. Ceci devient de plus en plus difficile sur des aquifères superficiels fortement pollués (pollutions diffuses nitrates et pesticides notamment), pour lesquels les forages d’alimentation en eau potable ne remplissent plus les conditions de qualité de l’eau suffisante pour leur exploitation. En effet les collectivités préfèrent abandonner la ressource et développer de l’interconnexion, ou encore, la police des eaux préconise le rebouchage de tels ouvrages, et ce sont des indicateurs de qualité qui disparaissent. C’est le cas dans notre bassin pour les aquifères des calcaires de Beauce et des calcaires de Brie. L’absence de source, point d’eau naturel et intégrateur de qualité, ne permet pas de remplacer ces forages.

Pour le suivi des eaux brutes, il est également important de contrôler des ouvrages exempts de traitement qui pourraient modifier la chimie des eaux. Malheureusement sur notre bassin, l’injection de chlore directement dans les forages dite « chloration à la crépine » est pratique courante afin de lutter contre le développement bactériologique. Elle est particulièrement présente dans les zones de karst comme dans le département de Seine Maritime.

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