Différents types de sources en Haute-Normandie
Le cycle de l’eau souterraine en Haute-Normandie peut se résumer de la façon suivante : après avoir atteint la zone non saturée de la craie , les eaux rejoignent la zone saturée (nappe phréatique ) sous les plateaux. Après avoir convergé des plateaux vers les vallées sèches et humides, les eaux de la nappe de la craie alimentent la nappe alluviale et le cours d’eau qui la draine. Les vallées qui incisent les formations de surface constituent des axes de drainage de cette nappe, et la présence de nombreuses sources sur les flancs de ces vallées constitue les phénomènes visibles de cette drainance.
Ces sources peuvent être des sources d’émergence, de déversement (cas de sources tertiaires) ou des sources de résurgence d’un système karstique.
La carte suivante présente la localisation des sources de Haute-Normandie ainsi que leurs débits quand ils sont connus :
En Haute-Normandie, les sources présentant de forts débits sont souvent l’indice de l’existence de réseaux karstiques. On peut citer parmi celles-ci les plus importantes :
- En Seine-Maritime : les sources d’Yport (1,5 m3/s), du Vivier à Valmont (350 L/s), de Veules les Roses (600 L/s), de Bec de Mortagne (550 L/s), de la Fontaine du Gouffre à Dieppe (200 L/s), de Saint Laurent de Brévédent (300 L/s), du groupe de Radicatel (750 L/s sur une ligne d’émergence de plusieurs centaines de mètres), de l’Ambion et de la Sainte Gertrude (740 L/s), de Fontaine-sous-Préaux (390 L/s), de Moulineaux (500 L/s).
- Dans le département de l’Eure, il s’agit des sources de Bernay (400 L/s), de la Bave (1050 L/s), et de la pisciculture (450 L/s) près de Beaumont-le-roger, de Livet-sur-Authou (910 L/s), de la Bonneville-sur-Iton (1250 L/s), de Gaudreville-la-Rivière et de la Bonneville sur Iton/Glisolles (1050 L/s) à l’aval de l’Iton sec, de Hondouville (1180 L/s), de Cailly sur Eure (500 L/s, résurgence partielle de l’Iton en crue ).
Il convient de remarquer que toutes les sources importantes ne sont pas l’exutoire de réseaux karstiques, comme les sources de Fontaine-sous-Jouy dans la vallée de l’Eure (réduction de la section soumise à l’écoulement souterrain), ou les sources de Rouelles au Havre (remontée du substratum). Des sources artésiennes sont aussi visibles au contact des argiles de Gault dans le Pays de Bray et près d’Honfleur.
Cas des fontaines d’Yport
Situées à 1,5 km à l’est de la petite ville d’Yport près de Fécamp (Seine-Maritime), les sources littorales d’Yport émergent au pied de la falaise de craie turonienne à travers les fissures au niveau de l’estran (zone intertidale). Dès le début des années 1960, leur débit important a intéressé la ville du Havre afin de les capter pour le renforcement de l’alimentation en eau potable de l’agglomération. Des déversoirs construits sur l’estran sur les deux principaux groupes d’émergence ont permis d’obtenir des débits de 600 à 1500 L/s, ce qui était inexplicable par la simple superficie du bassin versant topographique, de l‘ordre de 18 km2.
En 1970, le BRGM dressait la carte piézométrique de l’arrière-pays qui démontrait que le bassin hydrogéologique d’Yport avait une extension d’au minimum 90 km2. Dès lors le débit observé sur les sources apparaissait cohérent avec la superficie de ce bassin d’alimentation souterrain, et par analogie avec les débits spécifiques de la région on pouvait estimer le débit de l’ensemble des émergences à 200 L/s en étiage et à 1 m3/s en régime moyen. Puis des prospections géophysiques et des sondages effectués dans la vallée sèche d’Yport à 1,5 km du littoral par le Burgeap de 1971 à 1974 aboutirent à la découverte d’un important conduit karstique sous cette vallée en relation directe avec les sources. Les pompages sur un forage d’essai au « Bois de la Vierge » produisaient un débit de 1900 m3/h pour un rabattement légèrement inférieur à 2 m. Une cavité de 4,90 m de hauteur, entre les cotes +2,4 et -2,5 NGF a été explorée en plongée sur 130 m vers l’aval du puits de captage. Le mystère des Fontaines d’Yport était enfin résolu. Depuis le début des années 1990, cette ressource captée par un puits et une station de pompage d’une capacité de 2000 m3/h est conduite sur près de 25 km à travers le Pays de Caux, jusqu’au Havre et contribue considérablement à l’alimentation en eau potable de cette agglomération. Mais le promeneur, après une courte marche au pied des falaises crayeuses, peut toujours, à marée basse, découvrir les « Fontaines d’Yport », curiosité remarquable de la côte d’Albâtre.
Vidéo disponible ici :
- Les sources d’Yport
La base de données numérique des sources en Haute-Normandie
Dans le cadre de l’inventaire régional du karst, un recensement des bétoires (points d’infiltration rapide des eaux de surface vers la nappe), des résultats de traçage (cheminement des eaux souterraines) et des sources a été réalisé et des données de débits ont été compilées.